Très jeune et trop seul(e)
Le monde associatif se mobilise ! Retrouvez ici la tribune rédigée
et cosignée par 7 associations dont Astrée.
14% des 12-15 ans se sentent seuls. Souvent, voire toujours. Cela signifie que dans n’importe quelle classe de collège, il y a 4 enfants qui sont en souffrance à cause de la solitude. C’est ce que révèle une étude menée par Astrée. Jusqu’ici, ce phénomène n’avait jamais été mesuré chez des jeunes de cet âge-là.
Une population fragile
Déjà, l’étude révélant la solitude dont souffre les grands adolescents et les jeunes adultes avait surpris. La solitude n’est-elle pas ce fléau dont souffre prioritairement les personnes âgées ? En fait, même si les plus âgés vivent davantage de moments solitaires, ils ne le vivent pas forcément douloureusement. Et, au contraire, différentes études récentes ont mis en avant le fait que les jeunes sont la tranche de la population la plus touchée par le sentiment de solitude. C’est le cas de l’Étude BVA (2018), l’Étude CIGNA (2018) ou encore l’Enquête de la BBC (2018), effectuée auprès de 55 000 personnes dans le monde. Cette dernière montre que 40 % des jeunes de 16 à 24 ans disent se sentir souvent ou très souvent seuls.
Ce sentiment est d’autant plus fort qu’ils éprouvent à cet âge-là un besoin plus vif de communication et de partage avec leurs pairs. En être privé les met dans une situation douloureusement anormale. Il est cependant difficile parfois de faire la part des choses entre un adolescent qui traverse momentanément des humeurs sombres normales, et celui qui souffre de façon durable et préoccupante.
Le 23 janvier se tient la journée annuelle des solitudes. C’est l’occasion pour notre collectif d’alerter la société sur cette problématique douloureuse méconnue, qui ouvre la porte/fait le lit de nombreuses autres problématiques, telles que le harcèlement ou la dépression. En effet, en plus d’être méconnue, cette question est mal voire pas du tout prise en charge.
Une méconnaissance du problème
Vers qui se tournent des adolescents en difficulté ? L’étude nous informe : vers d’autres jeunes, à 44%. Ensuite viennent leurs parents (20%), et loin derrière d’autres adultes de l’équipe pédagogique. Les programmes dédiés ne sont quasiment pas identifiés.
Des personnes ressources telles que les infirmières scolaires pourraient être des relais, mais leur nombre réduit ne permet pas d’assurer une présence suffisante. Rappelons qu’il y a en moyenne un adulte référent médical (infirmière ou psychologue scolaire) pour 700 collégiens, avec des disparités territoriales.Or les éducateurs croient que c’est vers un adulte que les jeunes vont chercher de l’aide (pour eux, les amis n’arrivent qu’en 3e position, derrière les parents et le professeur principal). Ce qu’on peut mettre en place auprès des équipes éducatives n’est donc pas forcément adapté. On se trompe d’interlocuteur. Il faudrait avoir pour objectif de former les jeunes eux-mêmes à soutenir leurs camarades. C’est à cette échelle-là qu’il faut intervenir.
Le sujet est d’autant plus difficile à traiter qu’il est peu envisagé par les institutions, qui sont plus alertées sur des fléaux plus identifiés, tels que le harcèlement.
Dans ce cadre, plusieurs actions pourraient être mises en place afin de :
- Identifier la solitude de ces jeunes (en améliorant les mécanismes d’identification du problème, en associant davantage des personnels dédiés telles que les infirmières et psychologues scolaires, en créant des espaces privilégiés pour libérer la parole des jeunes…)
- Prendre en charge cette solitude (en utilisant les pairs comme leviers, comme le font certaines associations, en sensibilisant les jeunes sur l’intérêt de bénéficier de l’aide de professionnels, en repérant des phénomènes d’exclusion…)
- Prévenir ces situations douloureuses (en favorisant la cohésion de groupe, en faisant de la sensibilisation au sein des établissements et de tous les lieux accueillant des adolescents…)
Proposition : Le chantier est vaste, et l’enjeu important. Afin de venir en aide à la solitude de ces nombreux adolescents, nous appelons à un vrai Plan Solitude afin de réveiller la conscience collective et amener tous les acteurs publics et privés dans les territoires à lancer et partager des initiatives collaboratives avec cette population de jeunes qui a le sentiment de ne pas toujours faire partie de l'écosystème sociétale et aux institutions concernées à engager un parcours de prévention et de prise en charge plus individuelles.
Signataires de la tribune:
Astrée
Bleu Blanc Zebre
Vers-le-Haut
wweeddoo
Kawaa
CitizenCorps
Institut Télémaque
Une enquête
inédite
Contrairement à l’avis commun, les jeunes entre 11 et 16 ans sont touchés par la solitude. Alors, pour la première fois en France, une enquête a été réalisée auprès de cette tranche de population par l’association Astrée.
Télécharger le rapportÀ chaque ville sa JDS
Pendant la Journée des Solitudes, des évènements sont organisés partout en France, dans les locaux d’Astrée. Trouvez l’antenne la plus proche de chez vous pour découvrir l’organisation de votre antenne pour le 23 Janvier !
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